Peut-on prier le Saint-Esprit?

Voilà une question qui revient de temps à autres. Et la réponse va varier selon le courant évangélique: s’il est plutôt charismatique, la réponse sera « oui » (ou plutôt « Amen! »), mais elle sera plutôt mitigée par ailleurs, voire carrément négative, allant même jusqu’à associer le prière du Saint-Esprit à une forme d’idolâtrie (je l’ai lu ailleurs!).

L’argument contre repose sur le fait qu’il n’y a pas d’exemple de prière au Saint-Esprit dans la Bible. Jésus lui-même nous enseignait à prier « Notre Père ».

La « ligne de conduite » que j’ai reçue dans mon milieu évangélique est qu’il convient de « prier Dieu le Père, en Christ (ou « au nom de Jésus »), par l’Esprit-Saint ». Pourtant la question me reste en réflexion. De fait, dans le Nouveau Testament, plusieurs se sont sentis libres de prier directement Jésus (alors qu’il n’y avait pas d’indication dans l’Ancien Testament signalant qu’on puisse le faire – je suis taquin!). Je pense à tous ceux qui s’adressent à Jésus pour une guérison, à Etienne qui prie Jésus juste avant sa mort (« Seigneur Jésus, reçois mon esprit » – Actes 7.59), à la dernière prière de la Bible (« Viens Seigneur Jésus » – Apoc.22.20), etc.

Alors, ne prier que le Père? Si vous me permettez, ça prend déjà un coup dans l’aile… Prier Jésus sera donc, disons, « toléré ».

Alors, prier le Saint-Esprit?

Je donne mon petit avis. Ce n’est pas une thèse de doctorat, ce n’est qu’une réflexion personnelle:

  • Si je crois sincèrement que le Saint-Esprit est une vraie personne (ce que je crois), donc qui (entre autre) parle et entend,
  • si je crois sincèrement que le Saint-Esprit est Dieu (ce que je crois),
  • si je crois qu’actuellement c’est le Saint-Esprit qui est la présence de Dieu sur terre (ce que je crois) – comme Jésus au premier siècle, mais qui est parti pour laisser la place au Saint-Esprit, justement -Jean 16.7, par exemple,
  • si je crois que le Saint-Esprit me parle (ce que je crois aussi) – Rom.8.16, par exemple,
  • si je crois que c’est l’Esprit Saint qui a inspiré le texte biblique (ce que je crois aussi),

pourquoi ne puis-je pas m’adresser aussi (je dis « aussi » et non « exclusivement ») à la personne de Dieu, présente sur terre (mieux: en moi), personne de Dieu qui me parle de surcroit (ou qui a inspiré le Texte que je lis)? Le dialogue avec l’Esprit-Saint qui habite en moi, qui est celui qui me guide ici-bas (Romains 8.14) serait-il interdit?

Alors, mon petit avis, c’est que la question a tellement été posée dans un climat de tension entre les charismatiques et les non-charismatiques qu’on a peut-être répondu dans ce même climat, en mode réactionnel. Et en mode « réaction face à l’autre », on se retrouve souvent dans des réactions extrêmes pour bien se démarquer (mon avis). Sans se voiler la face, je crois qu’il y a eu (et qu’il y a sans doute toujours) des abus dans les deux « camps » pour ce qui touche à l’Esprit Saint. Ma petite réflexion vise à essayer de sortir de ce climat de « réaction contre l’autre camp » qui nous empêche souvent d’en parler sans s’énerver.

Pour illustrer le propos non sans un brin de taquinerie (encore!), quand je pense au chant pour les enfants « Mon auto, Jésus la guide« , je trouve que c’est théologiquement pas très juste: Déjà, ce n’est plus Jésus qui est (physiquement) à mes côtés, mais le Saint-Esprit qui est en moi… bon, passons… Le pire pour moi, ce sont les paroles « car au volant sont les mains de Jésus« : C’est comme si je disais que je n’ai aucun contrôle sur ma vie. Or, contrairement aux démons qui possèdent une personne (et qui prennent vraiment le contrôle de la personne), le Saint-Esprit ne possède pas, il vient demeurer (Rom.8.9). Pour reprendre l’image contenue dans ce chant, je crois que l’Esprit n’est pas au volant, mais bien qu’il est comme un moniteur automobile qui m’apprend à conduire ma vie. Cet apprentissage durera jusqu’au retour du Seigneur Jésus, parce que je n’atteindrai jamais la perfection ici-bas. Alors, oui, j’ai besoin que mon « moniteur automobile » me parle régulièrement… Et la question que je pose via ce petit article sans prétention, c’est: Qu’est-ce qui m’empêche, moi aussi, de parler à mon moniteur?

Ceci dit, si ça vous perturbe trop, ne changez rien. Que Dieu soit prié reste l’essentiel. Pour moi, ça m’aide dans ma prière (tout en continuant à croire que c’est le Père qui est toujours dans la « visée » finale de la prière, à Lui toute la Gloire!!!), et c’est juste ça que je voulais partager. Si ça peut vous aider aussi, cet article aura été utile.

Juste à méditer, quoi…