Houlà! Dans quoi est-ce que je m’engage avec cet article qui a fait couler tellement d’encre et qui a divisé tellement !?!
Alors, d’entrée de jeu, je le dis tout net: Pour moi, c’est une mauvaise question, à défaut d’être, dès le départ, une question piège.
J’ai la nette impression que Dieu balise dans les deux sens: et dans la direction du « oui, on peut perdre son salut » (je préfère le dire autrement, j’y reviendrai); et dans la direction du « non, évidemment, on ne peut pas le perdre ».
Je ne vais pas reprendre toute l’argumentation et tous les textes qui sont utilisés par les deux tendances.
Je crois que Dieu aime nous mettre en tension entre ce que les théologiens appelaient, il y a quelques années, le « déjà » et le « pas encore ». Nous connaissons tous (!) ces textes qui nous disent que nous sommes « déjà » en Christ, sauvés, lavés, que nos noms sont inscrits dans les Cieux, etc. Nous connaissons aussi tous (!) ces textes qui font appel au « pas encore », où il est question de travailler à son salut, d’achever la course, etc.
Je crois que cette question se situe dans ce cadre-là: L’œuvre du Saint-Esprit change immédiatement notre identité à la conversion. Nous devenons fils/filles de Dieu. Mais l’œuvre de l’Esprit se poursuit toute la vie. C’est comme si nous apprenions véritablement à être au quotidien ce que nous sommes déjà, à porter le fruit de l’Esprit plutôt que le nôtre, etc.
La question de « perdre son salut » est à mon sens une mauvaise question, parce qu’elle dirige dans une direction qui ne me semble pas juste. C’est comme si devant deux routes, on posait la question de savoir si on en prend une troisième qui n’existe pas. La question qui me semble plus importante, au lieu de celle-là est plutôt quelque chose comme: Est-ce que je continue à vivre ma nouvelle identité en Christ?
Je ne considère pas, dès lors, le salut comme un point sur une ligne du temps (le moment de ma conversion, de mon « oui » à Dieu, au sacrifice du Christ, etc.), mais une ligne du temps à partir d’un point précis (qui débute au moment de ma conversion): Je suis déjà sauvé, mais ce salut se renouvelle chaque instant (comme le besoin de conversion – d’où l’institution de la Cène par Jésus, pour revenir au sacrifice régulièrement). Il y a un déjà, mais aussi un pas encore « accompli, achevé… »
La grande question qui reste: Y a-t-il eu véritablement point de départ (une conversion – œuvre de l’Esprit Saint) au départ de cette nouvelle ligne du temps, ou est-ce que ce n’était qu’une adhésion « intellectuelle » ou « sentimentale » ou…, donc tout humaine? A mon sens, c’est là que l’on doit chercher quand il s’agit d’expliquer pourquoi certaines personnes hyper-engagées dans l’église ne sont plus « nulle part » (mais qu’en sais-je après tout?) au niveau de la foi.
Pour illustrer notre difficulté à comprendre pourquoi certains hyper-engagés semblent quitter la foi: Si Jésus dira un jour: « Je ne vous ai jamais connu » (Mt.7.21ss) , le jamais me dit qu’ils ne se sont jamais vraiment convertis (Jésus ne les a jamais rencontrés!), et nous, comme les ouvriers de la parabole, nous avons interdiction d’arracher, ce n’est évidemment pas notre rôle (et heureusement!)… mais cela nous permet de comprendre pourquoi l’ivraie semblable au blé, quand elle est en communauté de blé, peut retourner vivre avec ceux qui ont effectivement la même identité qu’elle…
Ce n’est évidemment que mon petit point de vue, merci de ne pas me lapider trop vite! (Sujet sensible oblige).
Merci frère
Je suis d’accord avec toi et si j’ai bien compris le problème n’est pas de savoir si on peut le perdre mais bien de voir si ils ont réellement reçu le salut, et que l’exemple de l’ivraie nous dit bien que parmis le nombre de paroissiens dans nos Eglise, il y en a qui ressemble mais qui ne sont pas, ce sont, dans la parabole du semeur, ceux qui grandissent dans les épines, c’est au fruits que nous les reconnaissons.
Merci Corneille pour ton commentaire! Personnellement je ne pose pas le problème en termes de « ils » (les autres). Bien sûr, ça permet de comprendre pourquoi certains (les autres donc, du moins certains autres) abandonnent « tout » du jour au lendemain. Mais le but de l’article n’est certainement pas de pointer un doigt vers ces autres, mais bien de se questionner soi et de se positionner soi-même face à une réelle conversion ou ce que j’appelle une adhésion intellectuelle, émotionnelle ou que sais-je. Et pour répondre à ta question, je crois donc que oui, le nœud de la réflexion consiste à se situer au niveau du « ai-je réellement reçu le salut » (pour reprendre ta formule).
Il s’agit donc d’un article qui nous pousse à rester en tension (et en attention) constante dans notre double réalité: (1) déjà sauvé et (2) pas encore achevé la course.
Ce n’est qu’en franchissant la ligne que l’on sait que l’on a vraiment gardé la foi jusqu’au bout.
C’est donc un appel à la vigilance pour soi-même d’abord.